Tellement occupés à démontrer la scientificité de leur objet, les économistes ne sont guère férus de vulgarisation. Ils y accordent peu de valeur et ne sont guère incités à en produire. Leur domaine ne se rend pas accessible. Les normes qui codifient la production scientifique des économistes tendent au contraire à refermer le domaine sur lui-même, n'autorisant la communication qu'entre pairs. C'est peut-être l'une des principales explications de la distance entre les économistes et la cité, et de la remise en question fréquente de leur rôle et de leur utilité. Que craignent donc les économistes à déserter ainsi le terrain de la diffusion et du débat public ? Qu'on doute de leur qualité scientifique, qu'on mette en cause la pertinence de leur propos, qu'on décèle des failles dans leurs raisonnements, des hypothèses mal fondées, qu'on identifie la nature éminemment politique de leur objet ? La vulgarisation des questions économiques est pourtant un enjeu démocratique et une étape indispensable de la chaîne de production scientifique. C'est en s'y engageant plutôt qu'en s'y refusant, que les économistes peuvent faire la preuve de leur utilité.