Au cours de la dernière décennie, l'enseignement supérieur a connu une nouvelle étape de globalisation, symbolisée par les palmarès internationaux de type « classement de Shanghai ». Certains ont exprimé la crainte que les effets performatifs de ces dispositifs génèrent à terme des systèmes éducatifs à deux vitesses : d'un côté, un nombre restreint de "world-class universities" et, de l'autre, un vaste ensemble d'universités de second rang. A côté des grandes écoles déjà très fermées aux classes populaires, un système universitaire lui-même dual entrainerait une entrée des jeunes dans la vie adulte fortement ségrégée, dans la continuité de l'expérience scolaire. A partir de la base des inscriptions universitaires en France (bases SISE du SIES), nous montrons qu'une polarisation sociale des universités s'observe déjà sur le plan statique, et que celle-ci s'accroît entre 2007 et 2015. Nous mettons ensuite en relation cette polarisation avec les dispositifs nationaux (IDEX, COMUE) et internationaux (classements universitaires) qui structurent la globalisation universitaire.