Dans le contexte français actuel de réduction des dépenses publiques à destination des associations sportives, le poids du bénévolat est plus que jamais mis en exergue par les acteurs du mouvement sportif afin de légitimer les apports publics au secteur sport. Plus encore, la finalité est de montrer dans quelle mesure le bénévolat sportif est vecteur de développement économique et social pour le pays.

Dans cette perspective, cette contribution propose une estimation de la valorisation monétaire du bénévolat sportif en France. Les résultats obtenus doivent cependant être manipulés avec précaution pour trois raisons. En premier lieu, la mesure physique du bénévolat sportif qui précède nécessairement sa valorisation monétaire repose sur des méthodes d'enquête porteuses de limites (Prouteau et Wolff, 2004). En deuxième lieu, des limites sont également inhérentes à la méthode des coûts de remplacement retenue pour l'estimation, les salaires de référence sur lesquels elle s'appuie pouvant eux aussi être discutés (ibid.). En troisième et dernier lieu, si cette estimation de la valeur monétaire du bénévolat sportif répond aux multiples formes de pression gouvernementale – notamment en matière de subventionnement – à l'égard du sport, elle ne dit rien sur les effets positifs du bénévolat en termes de cohésion sociale, d'innovation sociale et d'emploi. Elle ne règle donc pas la question de l'évaluation des effets intangibles du sport (Gouguet, 2019), si tant est que celle-ci doive être résolue conformément au diktat du chiffre (Boltanski et Chiapello, 1999 ; Jany-Catrice, 2012).

Bibliographie

Boltanski L. & Chiapello E. (1999). Le nouvel esprit du capitalisme. Gallimard, 843p.

Gouguet J.-J. (2019). « Les bénéfices économiques et sociaux du sport », Jurisport, Revue Juridique et Economique du Sport, n°195, pp. 17-33.

Jany-Catrice F. (2012). La performance totale : nouvel esprit du capitalisme ?, Presses universitaires du Septentrion, 176p.

Prouteau L. & Wolff F.-C. (2004b). « Le travail bénévole : un essai de quantification et de valorisation », Économie et Statistique, no 373, pp. 33-56.