La notion de justice sociale renvoie à l'idée que le résultat d'actions individuelles devrait être juste. Malheureusement le marché n'atteint pas cet objectif et certaines personnes considère qu'il faudrait corriger ce résultat du marché en intervenant directement sur ce dernier. Or, Hayek remet en question cette conception de la justice sociale au nom de la défense de la liberté individuelle. Pour lui, la justice ne s'applique qu'aux actions humaines et non aux résultats d'un processus dont les participants ont respecté les règles de juste conduite. Cependant, à l'instar de Margalit qui dans les années 70 après avoir entendu Rawls présenter sa « Théorie de la Justice » en vient à la conclusion qu'avant d'avoir une société juste il faudrait au moins une société décente, nous nous proposons de montrer que l'économie n'a pas à être juste, au sens de la justice sociale que critique Hayek, mais qu'elle devrait être décente et que cette décence est le concept venant compléter la philosophie économique de Hayek suite à son rejet de la justice sociale. Plus exactement, cette décence est en germe dans la pensée de l'économiste viennois car protégeant la singularité de chaque individu et nous nous proposons de la faire éclore avec l'aide du principe de « société décente » d'Avishaï Margalit. Notre hypothèse est que ce principe de « société décente » peut venir remplacer le concept flou de « justice sociale », permettant à la fois de réencastrer l'économie dans la philosophie politique et de proposer une nouvelle vision du monde aux politiques qui font face à une crise de défiance. En outre, ce concept replace l'individu au centre du jeu économique, place qui est la sienne depuis Smith, alors qu'avec l'émergence de la mathématisation de l'économie politique (économie néoclassique) et du courant néolibéral c'est plutôt la rentabilité et l'efficacité mécanique qui sont mises en avant.