La science économique redécouvre aujourd'hui le vivant. Cette reconnaissance de l'intérêt du vivant porte un nom, celui de bioéconomie. Pour l'OCDE par exemple, dans La bioéconomie à l'horizon 2030 [2009], le terme désigne principalement « l'ensemble des nouveaux modes de production, des manières de consommer et styles de vie qu'entraîneront le développement des biotechnologies ». Dans cette perspective, il s'agit avant tout de marchandiser et de tirer profit des processus biologiques : mettre les ressources biologiques au service de l'économie en somme.
Cependant, cette conception n'a strictement plus rien à voir avec la bioéconomie telle que l'entendaient Georgescu-Roegen [2011] et Passet [1979]. Que nous enseigne ce glissement de sens ? De quoi est-il le révélateur pour la science économique ? Il s'agira donc de se demander comment peuvent s'analyser les évolutions de ce concept, et surtout si la science économique est capable de retrouver, quarante ans après la publication de L'économique et le vivant [1979], une autre manière de penser nos relations entre l'économie et le vivant.