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International Conference - Lille, France (3-5 July 2019)

Envisioning the Economy of the Future, and the Future of Political Economy

La microfinance est-elle un capitalisme à visage humain ?
Imen Khanchel  1, 2@  
1 : école supérieure de commerce de tunis, Université de la Manouba  (ESCT)
2 : Laboratoire LARIME, Tunisie

Le système financier classique fournit ses produits et ses services uniquement à une partie du marché, tout en excluant les individus à bas revenu, qui sont incapables d'accéder aux services financiers traditionnels. Maria Nowak (2005), fondatrice de l'Association pour le droit à l'initiative économique, a déclaré qu'on ne prête pas qu'aux riches et que la microfinance est orientée vers une nouvelle catégorie de population: les pauvres et les exclus. La microfinance est la provision d'une large gamme de services financiers, tels que le microcrédit, l'épargne, la microassurance et le transfert de fond, à une population pauvre et exclu du système bancaire classique. La microfinance ne cesse de se développer au fil des années et a connu un réel succès vu que c'est un moyen de lutte contre la pauvreté. Les institutions de micro finance (IMF) se caractérisent par un double objectif, c'est à dire, atteindre des individus pauvres et être rentable. L'interrogation est de savoir si les institutions de microfinance contribuent au bien-être des personnes à faible revenu, et être, en même temps, financièrement viable.

C'est dans ce sens que notre étude se positionne. Elle a pour objectif de démontrer que la microfinance est un capitalisme à visage humain. La recherche d'un équilibre entre les objectifs financiers des institutions de microfinance et la poursuite des objectifs sociaux, représente un grand débat dans le secteur de la microfinance. Ce débat est inspiré par deux approches théoriques différentes ; l'approche des Welfaristes et l'approche Institutionnalistes, désigné comme “schisme de la microfinance” par Jonathan Morduch. Les premiers mettent un accent primordial sur la mission sociale de l'IMF, sur la base que l'évaluation de la performance d'une institution se fait à travers sa performance sociale. Par contre, les Institutionnalistes mettent l'objectif financier en premier lieu, dans la mesure où les IMF sont évaluées à partir de leur performance financière. La nature de relation entre les deux performances a été étudiée selon différentes méthodologies et diverses variables et la littérature n'apporte pas une réponse sur cette relation. Certaines analyses ont démontré que la performance financière et la performance sociale sont réalisées conjointement, alors que d'autres montrent qu'un arbitrage existe entre les deux types de performances, mettant en opposition les objectifs des IMF.

L'objectif de cet article est d'aller au-delà des recherches existantes. Il consiste à vérifier empiriquement la relation qui existe entre la performance financière et la performance sociale ainsi que le sens de causalité. La recherche a été menée sur un échantillon de 100 institutions de microfinance actives dans 45 pays et réparties sur six régions différentes: Amérique Latine et Caraïbes, Afrique, Moyen Orient et Afrique du Nord, Europe de l'est et Asie du Nord, Asie de l'Est et Pacifique et l'Asie du Sud, sur une période qui s'étale de 2000 à 2016.

Les résultats de notre étude montrent que le degré de la portée sociale et la rentabilité des IMF sont en accord. Les IMF adoptent les meilleures stratégies d'équilibre entre leurs objectifs financiers et sociaux pour qu'elles puissent les atteindre simultanément, engendrant, ainsi, une cohérence avec leur mission ; un capitalisme à visage humain



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