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International Conference - Lille, France (3-5 July 2019)

Envisioning the Economy of the Future, and the Future of Political Economy

Le système d'éducation reproduit et aggrave les inégalités sociales et économiques
Dominique Redor  1@  
1 : Centre d'études de l'emploi et du travail
Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)

Dominique Redor, Professeur Emérite Université de Paris Est

Chercheur associé : Centre d'études de l'emploi et du travail.

 

Le système d'éducation reproduit et aggrave les inégalités sociales et économiques

 

De nombreux auteurs (Baudelot et Establet, Bourdieu) ont montré, après la seconde guerre mondiale, pourquoi le système d'éducation était un facteur fondamental de la reproduction des inégalités sociales.

A partir des années 1980, la mobilité sociale s'est encore réduite, et les écarts de rémunération entre les personnes de différents niveaux de la hiérarchie des organisations et de la hiérarchie sociale se sont creusés.

Deux éléments ont joué un rôle majeur dans cette évolution.

1. Le progrès technologique et plus précisément, l'émergence de l'économie numérique font appel à de nouvelles qualifications et compétences. Parallèlement, les entreprises du numérique, mettant à profit les économies d'échelle et de réseaux, captent d'énormes rentes qui de plus échappent en grande partie à la fiscalité des pays dans lesquelles elle opèrent. L' évolution des modes de rémunérations des cadres dirigeants et supérieurs (distribution d'action sous diverses formes) leur a permis d'accaparer une partie importante de cette rente.

2. L'ancienne coupure entre la partie du  système d'éducation réservé aux classes supérieures de la société et les parties dans lesquelles sont confinées les classes dominées s'est approfondie. Dans la plupart des pays occidentaux, les frais de scolarité sont hors de portée de ces classes. Le fiasco des prêts bancaires pour les étudiants américains est là pour nous le rappeler. La France est dans un cas particulier puisqu' une très forte ségrégation sociale à l'entrée des meilleures écoles s'accompagne d'un financement public très généreux qui profite aux classes dominantes. Le système est clairement anti-redistributif.

Ainsi s'accroit le capital de la classe dominante de nos sociétés. Les membres de ses classes possèdent les caractéristiques culturelles et les moyens financiers pour que la nouvelle génération puisse se placer dans les meilleures universités et écoles. Grâce à leur diplôme et au réseau d'influence dans lesquels ils entrent (alumni), ils ont toutes chances d'accéder à des postes de dirigeants ou cadres supérieurs. Dans leurs fonctions, ils ont un statut de salarié, qui de plus reçoit une rémunération importante sous forme de valeurs mobilières de leur entreprise. Jamais le capital investi dans l'éducation n'a été aussi rentable. Il confère à ses bénéficiaires le statut de salarié privilégié, tout en renforçant leur patrimoine financier. Le capital se concentre de plus en plus, le système d'éducation est devenu un élément essentiel du renforcement des inégalités de patrimoine.

 


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