En région Bourgogne-Franche-Comté, les cultures de céréales et d'oléo-protéagineux occupent 1 million d'hectares, soit 76% de la Surface agricole utile en terres arables (Agreste, 2015). Le système de culture dit « conventionnel », est spécialisé, fortement intégré, et consiste en des rotations courtes de type colza-blé-orge. Il matérialise un aboutissement du mouvement de rationalisation en agriculture qui a démarré dans les années 1950, faisant appel à des intrants externes à l'exploitation. Aujourd'hui, ce modèle fait face à des impasses agronomiques, techniques et financières importantes (Goulet et de Raymond, 2014).
L'agroécologie, qui repose sur des systèmes agricoles intensifiant l'usage de processus écologiques pour limiter le recours aux intrants (par exemples : attirer par des plantations spécifiques, des insectes auxiliaires prédateurs des insectes ravageurs ou encore diminuer le travail du sol), apparait comme une solution possible pour surmonter les problèmes actuels (Arrignon et al., 2015, Compagnone et al., 2018, Galliano et al., 2017, Lamine, 2017, Lubello et al., 2016, Plumecocq et al., 2018). Certains agriculteurs se lancent. Cependant, différents travaux ont montré qu'il existe actuellement de nombreux verrous sociotechniques (Coudel et al., 2012, Magrini et al., 2017) à la transition agroécologique.
Dans l'objectif d'évaluer les systèmes agroécologiques au regard des différentes composantes de la durabilité, le projet I-SITE Agroécologie en Bourgogne Franche-Comté se décline en plusieurs axes de recherche. D'un point de vue socio-économique, le projet s'interroge sur les espaces d'exploration et d'innovations, en particulier organisationnelles, permettant le développement de l'agroécologie en grandes cultures en région Bourgogne Franche-Comté.
Pour ce faire, des entretiens semi-directifs sont réalisés auprès de différents producteurs et acteurs des filières céréalières et oléo protéagineux. Ces enquêtes montrent une diversité de pratiques, parfois en opposition, sous le terme agroécologie qui n'est pas toujours clair pour les agriculteurs. Les premiers résultats de ce travail indiquent également que le changement de pratiques vers l'agroécologie s'accompagne d'un changement d'échelles temporelle et spatiale. De ce fait, la transition agroécologique induit une remise en cause des connaissances et modes d'organisation existants qui doivent être reconstruits en s'adaptant aux problématiques locales.
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