L'innovation est à la fois désirée et crainte. D'un côté, l'innovation est un facteur central de la croissance économique et du développement en ce que les gains de productivité qu'elle induit permettent de produire autant ou plus avec moins de travail. De l'autre, le progrès technique, porté par le numérique, l'automatisation et la robotisation, peut constituer une menace pour le travail en exerçant une pression à la baisse sur l'emploi.
Ce papier présente un modèle théorique de croissance cyclique tiré par la demande. Il se focalise sur les interactions entre l'innovation, l'emploi, la partage de la valeur ajoutée et la dynamique macroéconomique. Nous montrons dans ce cadre que l'existence d'un pouvoir de négociation structurellement favorable au capital est un facteur explicatif important de certains faits stylisés contemporains caractéristiques des États-Unis, en particulier : un investissement orienté à la baisse, le ralentissement des gains de productivité et la hausse des inégalités.