Cette contribution se propose d'analyser la question environnementale chinoise à travers le prisme des chaînes de production et des chaînes de valeur transnationales dans lesquelles est insérée une bonne partie de l'économie chinoise depuis les années 1980. Se fondant sur les nouvelles théories du développement ainsi que sur les apports de l'économie politique internationale en matière de fragmentation de la production et de structuration en réseaux du capitalisme globalisé, ce texte s'efforcera de situer la question environnementale chinoise dans le cadre transnational afin de mieux préciser les responsabilités qui y sont relatives et d'élargir le cadre du débat sur la justice environnementale internationale en vue d'une répartition équitable des coûts, non seulement entre pays mais aussi entre acteurs publics et privés. La question de la justice et de l'équité environnementales internationales ou globales ne se limite pas, en effet, aux responsabilités historiques respectives des pays dits du Sud et du Nord dans l'émission de gaz anthropogéniques depuis la Révolution industrielle. Il s'agit d'un problème balisé qui a notamment donné lieu à l'adoption du principe de « responsabilités communes mais différenciées » des États comme guide dans le cadre des négociations internationales sur le changement climatique. Appliquée au problème de la détérioration du milieu, la question de la justice et de l'équité doit également porter sur les responsabilités des firmes transnationales dans la création des externalités négatives environnementales tout au long des chaînes de production, de distribution et de commercialisation des marchandises, de la recherche-développement à la consommation du produit fini et son éventuel recyclage en passant par la conception (design), l'extraction des matières premières ou encore la production des composants et leur assemblage. Compte tenu du rôle de ces firmes dans la production et les exportations chinoises, les défis environnementaux de la Chine, comme ceux des autres pays « émergents » ou en « développement », doivent être problématisés comme une question transnationale.