Dix ans après l'éclatement du scandale du Libor, taux central pour les marchés financiers, les procès cèdent la place aux propositions de réformes visant un taux de référence plus robuste. Grâce à l'exploitation de communications internes rendues publiques lors des procès, ce travail souligne d'abord le réseau d'acteurs (traders, brokers, contributeurs, régulateur) impliqués dans la manipulation. A partir de la définition fondatrice de Lewis (1969), il caractérise la manipulation du Libor comme une convention, pratique autorenforçante et n'ayant plus vocation à être questionnée. Enrayer ou empêcher cette dynamique conventionnelle n'est pas aisé, de sorte que toute réforme du Libor se doit de tenir compte de ses fondements comme de son fonctionnement. A ce titre, un indicateur ayant échoué à concurrencer le Libor à la fin du XXe siècle demeure pour l'heure plus robuste que les réformes envisagées.