Cette communication prendra appui sur une recherche en cours en Hauts-de-France intitulé Normes Environnementales – Activités Agricoles et Autonomie d'Exploitation (NORE-AGRIA –qui implique une équipe pluridisciplinaire : économie, sociologie et anthropologie sous la responsabilité de Sylvie Célérier de l'Université de Lille). Elle explore les transformations du métier d'agriculteur et des pratiques agricoles dans un contexte d'incitation à la transition agroécologique.
Nous tenterons d'illustrer une approche de l'agroécologie à la croisée de la sociologie, de l'économie et de la science politique en abordant ce concept depuis sa formalisation gouvernementale sous la présidence de François Hollande jusqu'à la vue des exploitants agricoles. L'agriculture étant un secteur économique largement administré, nous tenterons ainsi de restituer l'appropriation du concept d'agroécologie par les services de l'Etat et sa notable absence de définition ferme. Puis, grâce à une analyse thématique des entretiens, nous tenterons de situer les figures véhiculant l'injonction « agroécologique » en suivant sa traduction en termes d'activités agricoles, et de projets de systèmes d'exploitation.
Pour nos enquêtés, auto-définis comme « petits », l'action publique dite « agroécologique » implique davantage de prescriptions normatives, d'incitations financières, incarnées par des interactions de guichet et une activité de gestion administrative de l'exploitation. Ajoutant à la complexité de l'environnement socioéconomique des exploitations, l'écologisation des pratiques agricoles occasionne un besoin supplémentaire d'information multipliant les interlocuteurs d'appui à l'exploitation (conseils gestion, conseils agronomiques). Bien souvent, pour ces petites exploitations, l'agroécologie est vécue comme une réponse à l'alternative « grandir ou disparaître » imposée par les crises successives pour les éleveurs laitiers et par la volatilité des prix pour les producteurs de pomme de terre.