Depuis la crise économique et financière intervenue en 2008, et plus encore depuis la crise de la zone euro qui s'est déclenchée en 2010, de nombreux pays européens ont instauré des politiques de flexibilisation de leur marché du travail afin d'endiguer la récession ainsi que la montée du chômage. Ces réformes reposent sur l'idée que la crise de la zone euro serait en partie due à un problème de compétitivité-coût du travail. La solution résiderait alors dans la mise en œuvre d'une politique de désinflation compétitive dans les économies déficitaires. À l'aide d'une modélisation macroéconomique structurelle stock-flux cohérente (SFC), nous analysons ces politiques dans une optique postkeynésienne en mettant l'accent sur la dynamique des salaires et sa conséquence sur l'emploi et les inégalités. La réduction des salaires, et in fine du coût du travail, peut en effet réduire le chômage, mais aussi s'accompagner d'un accroissement des inégalités intra-pays et entre les pays de la zone euro si aucune politique de demande n'est menée simultanément. Nous faisons la conjecture que ces inégalités sont le résultat d'une incomplétude institutionnelle de la zone euro.