Papers > By author > Vanel Grégory

Les premiers travaux d'économie politique internationale (EPI) dans les années soixante-dix ont eu pour caractéristique de proposer des outils et des méthodes qui allaient au-delà de la pensée économique néoclassique en ce qui concerne les phénomènes économiques internationaux, notamment mais pas seulement aux États-Unis. Construits sur l'idée qu'il fallait prendre au sérieux les phénomènes de pouvoir dans la compréhension des affaires économiques internationales, ils ont débouché, près de quatre décennies plus tard, sur un ensemble de concepts importants, comme celui d'hégémonie, de régime international ou de gouvernance globale. Ils ont, dans la même veine, mis en avant l'idée qu'il devenait incohérent de distinguer le national et l'international dans la compréhension de la mondialisation, tout comme il était de plus en plus difficile de s'en tenir à une vision stato-centrée de celle-ci. Nombreux sont les économistes, notamment hétérodoxes, à se réclamer de ce nouveau champs de recherche, à la frontière entre les travaux d'économie internationale et de Relations internationales, lorsqu'il s'agit d'aborder les questions économiques internationales. Il n'est pas rare de voir ces travaux hétérodoxes mobiliser les concepts directement issus de l'économie politique internationale, comme si ceux-ci pouvaient s'intégrer sans autre forme de procès dans les raisonnements. Or, la présente proposition vise à nuancer l'intérêt d'une telle démarche a priori. Les concepts en EPI, notamment en EPI orthodoxe, sont très proches de l'ontologie et des théories de l'économie néoclassiques. Ils ne sont donc pas exempts des mêmes contradictions et des mêmes limites. Dès lors, les économistes hétérodoxes, avant de les intégrer dans leurs raisonnement, devraient d'abord en connaître avec précision les contours, afin d'éviter les mêmes contradictions et limites.