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International Conference - Lille, France (3-5 July 2019)

Envisioning the Economy of the Future, and the Future of Political Economy

Papers > By author > Fondeur Yannick

Quelles formes alternatives d'entreprises dans les services numériques ?
Yannick Fondeur  1, 2@  
1 : Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique
Centre National de la Recherche Scientifique : UMR3320, Conservatoire National des Arts et Métiers [CNAM] : UMR3320
2 : Centre d'études de l'emploi et du travail
Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)

Cette proposition de communication s'inscrit dans le cadre de l'axe 3 de l'appel de l'Afep "De champs des possibles aux utopies", et plus précisément de son second volet "Entre marché et utopie : efficience vs égalité, concurrence vs coopération ?".

Dans le monde informatique, l'émergence de formes alternatives de collectifs de travail n'est pas nouvelle. Mais cette communication portera sur une « écologie » spécifique, celle des métiers des services numériques. Ce champ professionnel est depuis son origine dominé par un type d'entreprise bien particulier, longtemps conventionnellement qualifiées de « SSII » (pour Sociétés de Services en Ingénierie Informatique[1]), appellation que l'organisation patronale du secteur tente depuis 2012 de remplacer par celle celle d'ESN (pour Entreprises de Services du Numérique).

Pivots de la production de services informatiques aux entreprises depuis les années 70, ces structures ont été à l'origine de l'essentiel des flux d'embauches dans le secteur, constituant longtemps de fait pour les jeunes diplômés un passage obligé, une forme de sas d'entrée dans le système d'emploi informatique. Par ailleurs, par le jeu des procédures de référencement, les grandes SSII se sont également progressivement posées en intermédiaires incontournables pour l'accès aux clients « grands comptes ». Se sont ainsi développés dans les services numériques aux entreprises des mécanismes de sous-traitance en cascade, où les grands acteurs apparaissent en façade et délèguent fréquemment l'exécution des contrats à des SSII de taille moyenne, qui elles-mêmes peuvent faire appel à de petites structures ou à des freelances.

Or deux phénomènes sont venus récemment percuter cet ordre établi. Le premier est le mouvement plateformisation qui a touché une grande partie de l'économie et qui s'est manifesté dans les services informatiques par l'apparition de dispositifs dédiés aux freelances (comme Malt) dont l'ambition affichée est d'« ubériser les SSII ». Le second est la multiplication d'entreprises de prestation de services numériques se revendiquant comme alternatives aux SSII et ayant pour ambition commune de vouloir repenser la place de l'individu dans l'organisation.

La communication se propose d'analyser ces deux phénomènes, en mettant l'accent sur leurs articulations, leurs hybridations (notamment au travers du « coopérativisme de plateforme ») et leurs tensions. Elle s'appuiera pour cela sur un matériau empirique récolté dans deux recherches antérieures sur les SSII, et sur des données originales en cours d'exploitation portant à la fois sur les plateformes dédiées aux freelances du numérique et sur un ensemble d'entreprises alternatives.

[1] On trouve d'autres façons de développer l'acronyme, notamment « Sociétés de Services d'Ingénierie et d'Informatique », subtile variante privilégiée par le syndicat professionnel du secteur pour mettre en avant le fait que certains de ses membres couvraient un champ plus large que le strict ingénierie informatique (Altran, Alten, etc.).

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